CHAPITRE 5

DÉFONCEMENT

Une fois le terrain choisi pour la houblonnière, on procède au défoncement du sol tout de suite après la récolte, en septembre, de telle manière que le travail soit fait avant l'hiver, et que la terre ait le temps de s'ameublir sous les influences atmosphériques avant la plantation. Le houblon pénétrant profondément enterre, il faut que celle-ci soit défoncée à
0m80 au moins de profondeur, car au bout de quatre ou cinq ans les racines sont déjà descendues à plus de 0"\80. Il faut en outre que la terre soit bien ameublie, et que les couches du sol superposées et de compositions différentes soient bien mélangées. Ce travail ne peut être exécuté d'une manière complète que par la main de l'homme, avec le hoyau ou la bêche.

On croit qu'en employant la charrue, on fait une économie. Cela coûte beaucoup moins cher il est vrai, mais ne constitue pas une économie; au contraire, avec la charrue, le défonçage ne peut pas arriver à 80 ou 90 centimètres, le mélange de la terre ne se fait pas aussi régulièrement qu'avec la bêche, et ce sont là deux points importants pour obtenir des produits satisfaisants. La charrue ne peut être employée tout au plus que dans des terres bien meubles, profondes, et d'une composition uniforme.

Le défonçage à la main au moyen du hoyau(fig. 1 - ci-dessus), de la bêche ordinaire, ou de la bêche à trois dents (fig. 2 - ci-dessous) dans les terrains pierreux, est beaucoup plus coûteux que celui à la charrue; mais quoique plus coûteuse, cette pratique est plus économique en somme ; car le surcroît de frais se balance dans une seule année par un surcroît de produit.

Le défoncement d'un hectare à 0,90m de profondeur doit coûter en moyenne de 400 à 500 franc. Une houblonnière peut durer trente ans, et l'hectare de houblon rapporter tous les ans en moyenne un bénéfice net de 800 francs. Il ne faut donc pas économiser sur le défoncement d'où peut dépendre non-seulement la durée de la houblonnière. mais la production annuelle.

Je n'admettrai la charrue que là ou le sol est profond, bien meuble, dune composition uniforme, et lorsque la main de l'homme est impossible à trouver. Avant de commencer le défoncement, si l'on a affaire à un sol très-tenace, à un sol glaiseux, il faudra recouvrir la surface du terrain d'une couche de substances propres à la rendre plus meuble, par le mélange qui s'opérera ; les marnes calcaires et les sables la vase des étangs, la boue des roules, pourront servir dans ce cas.

Quant au défoncement des sables et des calcaire légers, on doit le faire précéder d'une bonne couverture de terres plus fortes; telles que la marne argileuse/afin de leur donner la consistance qui leur manque.

Voici de quelle manière se pratique enfin le défoncement. On ouvre, à l'extrémité du champ, une jauge ou fossé de 0,70 à 1 mètre de profondeur sur 1 mètre de largeur ; on enlève toute la terre que l'on dépose en arrière. On ouvre ensuite un second fossé de mêmes dimensions : la terre qui en sort est destinée à combler le premier fossé ouvert, et on comble ensuite le second fossé par la terre qui provient du troisième. On continue ainsi jusqu'à ce que l'on soit arrivé à l'autre extrémité du champ, et on remplit la dernière jauge ou dernier fossé avec la terre du premier fossé ouvert, mise en arrière au commencement du travail. Si le sol est pierreux, il faut faire jeter les pierres au fond ; s'il est humide, il faut le faire drainer, non par des tuyaux de drains, qui seraient bien vite obstrués par les racines du houblon, mais par des fossés remplis de pierres ou des fossés à ciel ouvert.

Tout le principe de l'opération est de bien mélanger les couches du sol en les retournant, de placer au fond la terre arable et d'amener à la surface du sol la terre du fond.

Ce travail revient à 400 et 500 fr. l'hectare dans les pays où la journée de l'ouvrier vaut 2 francs et 2,50 francs.

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