CHAPITRE 2
DU CLIMAT
Le houblon, pour bien réussir et donner chaque année une bonne récolte, demande en général une température égale. De brusques variations dans l'atmosphère, une sécheresse prolongée, une humidité continue nuisent à sa croissance et à son développement; il lui faut autant que possible à peu près le même climat que la vigne ou le chêne.
Le houblon craint les brouillards et un air
lourd : dans les plaines basses et peu aérées, il
est ravagé par les insectes, et prend toutes sortes
de maladies. Il lui faut donc un climat chaud,
humide plutôt que sec, où les pluies prolongées et les brouillards soient rares, et qui soit peu accessible aux grands vents et aux changements brusques de température.
Toutes ces conditions climatériques exigées expressément pour la réussite du houblon, me semblent, à moi, un peu exagérées, et il me paraît difficile de rencontrer des pays assez favorisés pour réunir à la fois toutes les conditions de climat demandées par tous ceux qui ont écrit sur cette plante. Le houblon réussit parfaitement en Angleterre, malgré les brouillards et les pluies continuelles, et on le cultive aussi avec succès en Danemark; il croît avec vigueur à l'état sauvage dans presque tout le midi de la France, ou le climat est plutôt sec qu'humide; introduit dans la Romagne (Italie) depuis quelques années , il donne d'assez bons produits; en Afrique enfin, aux environs de Bone et de Philippeville, on le trouve partout s'accrochant aux arbustes. Tous ces climats sont bien différents les uns des autres, et sont bien loin de réunir les conditions exigées par les auteurs allemands qui ont traité la matière. Il est vrai que pour eux le houblon n'existe et ne doit exister qu'en Allemagne! Il na pas le droit de vivre ailleurs!
Je me demande seulement si, même en Allemagne, il est possible de trouver une contrée réunissant toutes les conditions de climat réclamées par eux? A l'état d'exception, oui, peut-- être, mais de règle, c'est impossible.
Non, le houblon, la plante la plus rustique et la plus vivace que je connaisse, et que l'on pourrait comparer au chiendent pour sa vigueur, n'est pas tellement exigeant, et la nature elle-même, en le répandant à l'état sauvage dans des climats si différents les uns des autres, a prouvé victorieusement qu'il pouvait vivre presque partout.
Suivons donc cette précieuse indication, et là où le houblon sauvage croîtra naturellement, livrons-nous sans crainte à sa culture.